La science de la sécurité

Une Canadienne sur trois subit de la violence conjugale à un moment ou à un autre de sa vie. Toute maltraitance est néfaste; elle est souvent complexe et dangereuse. Les femmes se demandent parfois comment réagir en situation de violence. La planification de la sécurité est la pierre angulaire des interventions en matière de violence entre partenaires intimes. Idéalement, il s’agit d’un processus individualisé qui tient compte de la situation unique de chaque femme.

On a généralement accès à la planification de la sécurité par l’intermédiaire des services en matière de violence (p. ex., les lignes d’assistance, les refuges, les programmes d’éducation en matière de violence conjugale). Pourtant, la grande majorité des femmes qui ont subi de la violence déclarent n’avoir jamais accédé à ces services. Cela peut être encore plus difficile pour les femmes qui se heurtent à des obstacles pour obtenir de l’aide. Ce sont des occasions manquées de réduire la violence et ses répercussions sur la santé et le bien-être des femmes ainsi que sur leur qualité de vie. L’aide est disponible et la sécurité est possible.

Fondée sur la recherche

Conçue en 2010, myPlan a été développée et mise à l’essai dans le cadre d’une série d’études de recherche menées par la Dre Nancy Glass à la Johns Hopkins University School of Nursing. Il s’agit de la première aide à la décision interactive en matière de sécurité offerte en ligne aux femmes qui vivent aux États-Unis aux prises avec un partenaire violent. À chaque étape, myPlan (en anglais) a été testée auprès de personnes subissant de la violence, de leurs amis et de prestataires de services en matière de violence. L’application comprend un outil d’évaluation des risques validé, nommé Évaluation du danger, utilisé depuis plus de 25 ans par les défenseurs des droits, les forces de l’ordre et autres professionnels.

En collaboration avec la John Hopkins University et des équipes de recherche de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, des chercheuses canadiennes se sont inspirées de leurs études sur les effets de la violence sur la santé pour créer une ressource en ligne « faite au Canada » et destinée aux femmes qui ont subi la violence d’un partenaire. Comme la santé et la sécurité sont liées, l’équipe canadienne a ajouté un volet consacré à la santé et au bien-être des femmes. Cet outil en ligne (iCAN Plan 4 Safety, en anglais) a été développé sur la base des commentaires des femmes canadiennes et des prestataires de services dans des domaines tels que les services en matière de violence, les soins de santé et les services juridiques. Il a ensuite été testé auprès de plus de 400 femmes vivant en Colombie-Britannique, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Les femmes ont utilisé l’outil soit en version personnalisée interactive, soit en version non personnalisée plus courte et ont répondu à quatre sondages en ligne pour effectuer un suivi de leur progrès et fournir une rétroaction à la fin de l’étude.

Les femmes qui ont utilisé l’une ou l’autre des versions de l’outil en ligne ont déclaré avoir :

  • une meilleure santé mentale (moins de symptômes de dépression et de stress post-traumatique);
  • une confiance accrue dans la planification de la sécurité;
  • un sentiment de contrôle plus grand sur leur vie;
  • moins de pression de la part de leurs partenaires violents.

L’outil personnalisé a été jugé plus utile et mieux adapté aux besoins des femmes en général, ainsi que particulièrement utile pour les femmes :

• qui ont des enfants de moins de 18 ans vivant à la maison;
• qui signalent des actes de violence plus graves;
• qui habitent dans des centres urbains de moyenne et grande taille;
• qui ne vivent pas avec un partenaire.

Par leur contribution à la présente étude, les femmes ont inspiré la création de myPlan Canada!

Grâce à la participation des prestataires de services de toutes les provinces et de tous les territoires, nous avons ajouté des ressources de partout au Canada. L’outil est accessible sur une application mobile et sur le web. Il est conçu pour aider les femmes victimes de violence conjugale à déterminer leur propre voie vers un avenir sûr. Une version francophone de l’application est en cours d’élaboration avec des partenaires de l’Université Laval, à Québec.

Membres de l’équipe

La Dre Marilyn Ford-Gilboe, inf, PhD, FAAN, FCAHS (chercheuse en chef) est une éminente professeure d’université et titulaire d’une chaire de recherche sur la santé des femmes en milieu rural, à l’École des sciences infirmières de la famille Arthur Labatt, à l’Université Western. Avec une formation en soins infirmiers de santé publique, ses recherches et son travail communautaire ont principalement porté, au cours des 25 dernières années, sur l’amélioration des services et des politiques liés à la santé et à la qualité de vie des personnes victimes de violence et d’inégalités. La plupart de ses recherches sont axées sur la santé des femmes, la violence, l’équité en matière de santé et le lieu de vie, notamment les tests en ligne et les interventions en personne en matière de sécurité et de santé auprès des femmes qui ont subi la violence d’un partenaire.

Courriel : mfordg@uwo.ca

La Dre Colleen Varcoe, inf, PhD, FCAHS, FCAN (chercheuse en chef adjointe) est professeure à l’École des sciences infirmières de l’Université de la Colombie-Britannique. Son travail vise à réduire l’injustice et la violence, y compris les formes de violence interpersonnelles et structurelles telles que le racisme et la pauvreté. Sa recherche achevée comprend l’étude des risques de la violence et ses effets sur la santé et comment promouvoir la santé des femmes qui font l’objet de violence, en prêtant une attention particulière aux femmes autochtones. Elle a étudié comment encourager les soins de santé axés sur l’équité (la sécurité culturelle, la réduction des méfaits ainsi que les soins éclairés par la violence et les traumatismes) au niveau de l’organisation. Elle a travaillé auprès de différentes communautés, pour diverses organisations et sur des questions autochtones, incluant les soins de santé et le contexte de la justice pénale.

Courriel : colleen.varcoe@nursing.ubc.ca

La Dre Kelly Scott-Storey, inf, PhD (chercheuse en chef adjointe) est chercheuse en santé et professeure agrégée à la faculté des sciences infirmières de l’Université du Nouveau-Brunswick, directrice de la recherche communautaire, de l’avancement des connaissances et de l’enseignement au Centre de santé communautaire du centre-ville de Fredericton et chercheuse au Centre Muriel McQueen Fergusson pour la recherche sur la violence familiale. Son programme de recherche se situe largement à l’intersection de la violence, du genre et de la santé. Il met l’accent sur les interventions sanitaires, la mesure de la violence et le développement de l’échelle, et sur l’action communautaire.

Courriel : kscottst@unb.ca

Membres du projet myPlan Canada

James Case, MBI
Nancy Glass, RN, PhD, FAAN
Joanne Hammerton, MSc
Nancy Perrin, PhD
Nadine Wathen, PhD

Équipe de développement francophone

Geneviève Lessard, PhD
Valérie Roy, PhD
Karine Demers, responsable clinique à Violence Info
Elisabeth Derôme, étudiante de maîtrise 

Un grand merci au personnel de recherche, aux étudiants, aux prestataires de services et aux femmes victimes de violence qui ont généreusement donné de leur temps et de leur expertise afin de contribuer à l’élaboration de myPlan Canada.